À L’Auberson, la fromagerie Tyrode flatte les sens
A l’occasion d’un déménagement en 2022, Vincent Tyrode a doté sa fromagerie d’un espace de démonstration. Une véritable plus-value pour les activités économiques et touristiques du Nord Vaudois.
« Nous devons être fiers de notre filière et continuer à en prendre grand soin »,
Vincent Tyrode, fromager propriétaire de la fromagerie de L’Auberson
Vincent Tyrode, vous avez débuté votre carrière comme fromager frontalier. Dans quelles circonstances vous êtes-vous installé à la fromagerie de L’Auberson ?
Je suis venu en Suisse en 1997 travailler à la fromagerie de L’Auberson pour Valentin Biehlmann. En 2001, l’occasion s’est présentée d’acheter le lait de L’Auberson, comme on dit. Je n’ai pas hésité, tout en mesurant le défi : je devais assurer une qualité irréprochable de fromage, faire reconnaître mes diplômes et montrer patte blanche au banquier. Les producteurs de lait me connaissaient déjà. Eux comme l’affineur, Margot Fromages SA, m’ont fait confiance. Malgré tout, le Franc-Comtois qui reprend un lait, vous imaginez bien que ça a fait parler !
Vous avez déménagé en mai 2022, pour quelles raisons ?
L’atelier de fabrication et le magasin de l’ancienne fromagerie étaient devenus trop petits. En 2018, j’avais racheté l’ancien garage de bus situé entre les caves et la fromagerie. Les travaux ont duré 9 mois pour réaliser un projet qui me trottait dans la tête depuis 5 ans : une fromagerie dotée d’un espace de démonstration et d’exposition.
Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser cet espace didactique ?
J’avais très envie de valoriser non seulement nos produits, mais aussi nos gestes en tant que producteurs de Gruyère AOP et Vacherin Mont-D’Or AOP. Je souhaitais également que les visiteurs découvrent notre région, son histoire et ses traditions dans un parcours ludique. Ce dernier dévoile les liens entre la production de fromage et d’autres activités économiques, passées ou actuelles. Il a été inauguré en novembre 2022.
Après plus d’un an d’exploitation, quel bilan tirez-vous ?
C’est à la fois exigeant et enthousiasmant. Nous devons assurer la présence, la logistique et l’accompagnement de groupes de visiteurs. C’est une immense satisfaction de se rendre compte de l’intérêt, notamment des enfants, qui sont surpris par toute la technologie nécessaire à la production de Gruyère AOP. On entend parfois dire que la nourriture industrielle a neutralisé leur sens du goût, mais croyez-moi : ils font très bien la différence entre un Gruyère AOP de 6, 12 ou 18 mois et…ils apprécient !
Au sujet de la technologie justement, qu’est-ce qui distingue vos installations ?
Nous avons investi dans un outil de production durable et avons choisi d’optimiser au maximum les économies d’énergie grâce à des panneaux solaires, une pompe à chaleur et un système de récupération d’eau et d’énergie.
Avez-vous encore des projets après tous ces accomplissements ?
Bien sûr ! Maintenant que la conjoncture est moins favorable, il est absolument nécessaire de se projeter. Pour faire face au vent contraire, il nous faut nous adapter, créer des opportunités et rester solidaires. Le monde est devenu extrêmement complexe, les relations commerciales aussi. Mais notre filière est belle et les relations encore humaines. Nous devons en être fiers et continuer à en prendre grand soin.