La satisfaction de produire du bon lait pour le Gruyère AOP
Mathias Mayor est le président de la Société de laiterie de Grandcour et environs. Ce producteur de lait est en train de reprendre à lui seul le domaine qu’il exploite avec son père depuis 29 ans.
« C’est important d’avoir une affaire qui tourne économiquement. C’est tout aussi important d’avoir du plaisir dans le travail.»
Mathias Mayor, président de la Société de fromagerie de Grandcour
L’exploitation agricole sise à Ressudens dans la commune de Grandcour appartient depuis de nombreuses générations à la famille de Mathias Mayor. « A seize ans, je me suis tourné naturellement vers notre domaine, se souvient-il. J’ai fait mon école d’agriculture, puis je suis venu travailler sur la ferme. Je suis attaché à la pérennité, au patrimoine familial. De plus, j’aime beaucoup le bétail. » M. Mayor a d’abord travaillé dans l’ancienne ferme avec son père. Ils avaient à l’époque 25 vaches et cultivaient des céréales et du tabac. « Nous étions à l’étroit dans l’étable, mais c’était assez fonctionnel. » Il y a 20 ans, Mathias a repris le domaine d’un cousin de la famille et s’est associé avec son père. Ils ont conclu une communauté d’exploitation. Comme ils étaient sur un seul site, son père lui a accordé un droit de superficie inscrit au Registre foncier. Ce statut leur a convenu à merveille.
Ensemble, ils ont fait construire une nouvelle ferme. Ils ont actuellement une cinquantaine de vaches en stabulation libre. Le travail ne manque pas, mais ils sont bien équipés. « C’est une amélioration notable pour nos bêtes, constate-t-il. Elles ont davantage de mobilité et d’exercice. Elles sont donc moins stressées. Cela se ressent sur la qualité du lait, tout comme l’affouragement. Je suis convaincu que c’est un plus pour le produit fini. »
Mathias Mayor aime prendre soin de ses bêtes. « C’est important d’avoir une affaire qui tourne économiquement. C’est tout aussi important d’avoir du plaisir dans le travail. Quand la vache se porte bien, qu’elle fait un veau, qu’elle a du bon lait et que les résultats des analyses faites à la fromagerie sont bons, c’est une grande satisfaction. En revanche, quand une bête est malade et qu’on doit l’abattre, c’est dur. Mais quand on a des animaux sous sa responsabilité, ça fait partie de son travail ».
Avec les années, l’exploitation a abandonné le tabac et ne fait plus que du blé, de l’orge, du maïs et de la prairie pour les vaches. Mathias Mayor se concentre principalement sur le bétail, tandis que son père qui est à la retraite donne des coups de main. « Je me souviens de l’époque où nous étions encore une vingtaine de couleurs dans le village. Aujourd’hui, il reste 8 sites de production, 5 à Grandcour, 3 entre Chevroux et Delley. Et comme le quota est resté le même, le dimensionnement à la hausse des exploitations a suivi la diminution des producteurs. »
Il y a un peu plus d’un an, M. Mayor a accepté de prendre la présidence du comité de la Société de laiterie de Grandcour et environs. « Avec la diminution du nombre de producteurs, j’ai estimé que je devais accepter de m’engager. ». Il était déjà président lorsque le Gruyère AOP de la fromagerie de Grandcour a été désigné comme le fromage d’excellence du gouvernement vaudois pour l’année 2021. « Cette distinction m’a fait plaisir, lance-t-il. Je ne travaille pas pour gagner des prix, mais c’est tout de même une belle reconnaissance du travail des producteurs et des fromagers. »